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Vie pratique - Guide du bon sauvage

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Vie pratique - Guide du bon sauvage

           

Guide du savoir-vivre du bon sauvage

 

        Un peu d'histoire : 

       Le savoir-vivre, l’étiquette, prennent racine à la Renaissance, avec un dénommé Érasme et le Traité de civilité puérile en 1530, cet ouvrage est le premier « manuel » de bienséance. Durant la Révolution Française l’étiquette fut abolie avec la monarchie, elle fut remise au goût du jour par Charles-Louis-Napoléon Bonaparte, Napoléon III (1808-1879) au cours du second empire (1852-1870). « il faut vouloir vivre et savoir mourir. »

Vie pratique - Guide du bon sauvage

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       Avant même de parler de politesse, avant même de parler d’échange, avant même de prétendre se rendre au palais impérial, avant même de vouloir s’adresser à l’Impératrice, il est de principe de commencer par le commencement. Plus explicitement, il existe quelques règles de bases qu’un sauvage doit maîtriser. Tout d’abord, un sauvage, de quelque nature qu’il soit, doit être pourvu d’un tuteur. Ce dernier veillera à lui inculquer les principes élémentaires de la vie européenne. Des principes tels que la maîtrise de la parole, rendant un sauvage présentable. Il est de bon aloi qu’il puisse répondre dans la langue de l’interlocuteur, à la question posée. La lecture, en fait aussi partie, car en effet cela pourrait lui être utile pour  lire ce guide. Il serait également mal venu de présenter un indigène qui ne cesse de bouger, de s’agiter. Son tuteur devra donc lui apprendre à se tenir correctement. De plus, il est de mise que le sauvage soit habillé, et propre sur lui. Son garant en sera responsable. Une fois ces capacités assimilées, et pas avant, les conseils suivants pourront être exploités par le sauvage lui-même.

 

 

Vie pratique - Guide du bon sauvage

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  Il s’agit donc maintenant pour l’indigène de s’informer des normes sociales, de les apprendre et de savoir les appliquer au bon moment. Les situations les plus courantes pour les mettre en œuvre sont bien évidemment les échanges oraux avec une personne d’un rang supérieur. Pour paraître respectable, il faut faire preuve d’éthique.  Plus simplement : il y a trois points à travailler : l’apparence physique, l’attitude morale, et la conduite. Le cas servant d’exemple, ici, est la rencontre d’un barbare, au sens premier du terme, et de l’Impératrice Eugénie de Montijo, épouse de l’Empereur Napoléon III.

       La probabilité qu’un sauvage noir ou même blanc rencontre l’Impératrice est minime. Pourtant certains éléments tendraient à prouver le contraire, soit. Tout d’abord, le primitif, ayant cette chance, se doit, bien évidemment, d’être ponctuel. (faudrait il encore qu’il ait une montre...)

       Il est préférable qu’il arrive au rendez-vous habillé, si possible à la mode. Ce n’est peut-être qu’un détail, pourtant il a son importance. L’essentiel est d’être élégant, peut importe que ce soit des vêtements serrés au cou, aux manches, à la ceinture…Une large chemise blanche, un pantalon de lin beige, une fine écharpe de coton grise, une veste légèrement cintrée bleue et selon les envies un haut de forme noir feront l’affaire.

       Une fois sur le lieu du rendez-vous et devant Sa Majesté, il vaut mieux éviter d’aller claquer une bise sur sa joue, même partant d’une bonne intention, cela risquerait de froisser Madame. Il est préférable d’effectuer une gracieuse révérence ou de lui prendre la main pour la baiser délicatement. Mais, attention, le mot « enchanté » est à proscrire, c’est une des règles de bienséance à respecter.

       La meilleure chose à faire est d’attendre que l’hôte l’invite à prendre la parole. Une bonne manière de débuter une conversation est de lancer  un sujet plus ou moins banal car commencer par expliquer la raison de la nudité chez les tribus australiennes serait mal venu.  Comme selon certains codes de la conversation, il faut veiller à ne pas monopoliser la parole.

       De plus, il est poli de se conformer aux envies et aux attentes de l’Impératrice. Il ne serait pas convenable de la comparer à la femme du grand chef. Le bon sauvage doit se montrer le plus doux, dévoué, et humble possible,  et non la regarder comme s’ il voulait la dévorer. Sincèrement ce n’est guère la meilleure méthode… Il faut donc montrer de l’intérêt et du respect envers son hôte en règle générale. La timidité est un trait de caractère à bannir, sans pour autant pousser des cris gutturaux tout au long de la conversation. Il est de bon ton de se montrer ouvert à l’échange. En adoptant cette méthode, le primitif s’attirera plus facilement la sympathie de Sa Majesté.  Elle posera des questions, le sauvage répondra par de francs euphémismes. En effet, il est naturel d’expliquer à l’hôte les travers d’une société différente de la sienne tout en tâchant de ne pas le choquer. L’important est de nuancer ses propos. C’est pour cela que si la question de l’alimentation se présente, comme par exemple : « Que mangiez vous ? », avant de répondre « une bête verte qui vole en bande » en cherchant ses mots, et en concluant avec « des sauterelles », il est nécessaire de réfléchir ne serait-ce  que trente secondes pour se rendre compte que les coutumes françaises et australiennes ont quelques lieues de différences… L’auditoire sera certainement dégouté et décontenancé par ce propos, mais par politesse, fera un trait d’esprit. Voici donc un exemple de l’inconvenance de la franchise.

        Au fil de la conversation, le sauvage peut se permettre d’ajouter à son récit un brin de fortune, de malheur ou de fatalité. Parler de la vieille femme qui l’a épaulé au cours d’épreuves en tout genre : solitude, maladie, disette. Cela incitera l’Impératrice à éprouver pour lui une compassion certaine.

       Elle sera sûrement curieuse de découvrir les tatouages de son invité. Il est question de retrousser une manche seulement, garder les pieds sur terre et le pantalon accroché aux bretelles bien entendu.

       D’autre part, il est fort probable que Madame fasse écouter de la musique à l’indigène et lui demande de chanter. On attend de celui-ci qu’il émette des « miaulements, répétitions saccadées de syllabes, claquements de langue ou de dents, grognements syncopés, et sifflements » en tout genre, et cela avec un rythme marqué. Lorsque l’entretien touche à sa fin, il est primordial d’adresser un dernier et léger compliment à Madame l’Impératrice.

L'Impératrice Eugénie de Montijo

L'Impératrice Eugénie de Montijo

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       Tous ces exemples font partie de ce que l’on appelle les « bonnes manières ». Ils illustrent les règles qui composent l’étiquette. Les normes de bienséance énoncées plus tôt sont les clés pour parer au déshonneur, aux malentendus et présenter une éthique sociale impeccable.

 

 

                                                                                                                                               

 

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